20150709

le corps n'est pas un corps tant qu'il n'est pas (d)écrit

le corps - celui que j'ose ne pas appeler
le mien n'est pas un corps tant qu'il n'est pas
(d)écrit.

on le suit

le corps n'écoute pas
il ne sait pas dire
non
ce corps, a-t-on envie de suivre
son pas
pas évident
et pourtant vide
dans les mains de ce même corps
dépossédé de description

a-t-on envie de le décrire
ou pas
un pas dans la main
comme la connaissance intuitive d'un mot depuis
l'enfance
comme la connaissance même
de la langue
comme une langue étrangère
qui danse
sur la langue de ce corps dépossédé
de langue
comme un baiser en réponse
aux envies de ce corps
comme ce même corps
sans description
et pourtant
existant dans l'âme.

comme l'envie d'exister










20150626

le repos du souffle

comment pourrais-je
ne pas tenter de vivre
si la lune existe malgré moi
si elle change et que j'existe
malgré elle

qui ne change pas malgré la lune
- on s'interroge -
j'ai beau l'avoir voulu
j'ai toujours refusé
la pratique de la ponctuation.
on ponctue pour circonscrire
les tonalités du sens
on ponctue pour imprimer
les sensations alors
qu'elles sont belles et si
changeantes
comme la lune ou malgré elle

comment pourrais-je
écrire une chanson
si mon esprit est vide alors même
qu'il se remplit sans cesse
comment rimer la vie
- emblématique faiblesse -
avec le fracas du temps
comment la ponctuer sans lui
donner du rythme -
ô sens unique de la création
qui crie.

sans que le point final s'exclame
ou l'interrogation persiste



20150617

Mois ou "Le Triomphe de la Volonté"


Qu'avril bourgeonne
Revenant chaque an nouveau
Dernière trace d'un cycle
Perçu par ceux qui votent
Hier à l'extrême-gauche
Ici à l'extrême-droite
La constance du milieu

Que mai résonne
Tambour battant chaque an nouveau
Offrande de ressources fossiles
Prétexte de vidange
Dans la nature anarchisante
Insensible aux idées
Insensible au rangement

Que juin jauge la faim
Plaquée contre la faux
D'un spectre qui arbore
Les fanions du passé
Dans un lopin d'orties
Les garrots sont posés
La gerbe est tarie

Que juillet repose en paix
Sous les feuillages épais
Près des filles qui crient "toi"
Des passants qui pensent 'tue"
L'été débute en mini-jupe
Puis trébuche dans le bus
L'inconstance du milieu

Qu'août nous délivre du doute
Chaque an nouveau à son image
Le renversant devant nos yeux
Jusqu'au déni de la vision
Le jour décline puis revient
Un matin à l'Est
Demain vers le Sud

Que septembre vendange
Les vies fanées de sa faucille
Issues d'un rêve étranger
Historiquement disqualifié
Gisant dans le réel
Glissant sur la beauté
Immobiles et factuelles

Qu'octobre lève l'opprobre
Dans le repos de l'âme saignée
Qui erre entre deux mondes
Encore hors de portée
Volant un flou baiser
Revomi l'heure suivante
La constance de l'extrémité

Que novembre innove
Qu'il voit ce qui se tait
Et ce qui tient la barre
Dans le calme harassé
D'une ville de différences
Brouillant toute impression
Jusqu'au repli du ventre

Que décembre dévale
Neigeux un seul jour
Enivré du pouvoir
De bourreau de l'année
Dans sa hotte, la hache
Attend la main décidée
A vider le mauvais sang

Que janvier jeûne et venge
L'otage d'un sabbat charnel
Qui obtient sous patience
Une récompense non espérée
Les rires fous se heurtent
Dans un nid de souris
Où assourdir la ville

Que février surnage
Vaillante charpente flottée
Voilant les fonds du regret
Les tombants fragmentés
Où l'espèce pleure d'ivresse
Miroir sot de l'essence
L'inconstance de l'extrémité

Que mars laisse des traces
Chaque an nouveau comme le dernier
Embrayant séismes et caresses
Suppurations d'anniversaires
Les morts ont emporté l'heure
L'amour se confond avec l'or


Le triomphe de la volonté

20130930

breathe

je respire sur
le ton
de la ville
sur ce ton qu'impose
la ville
je m'y trouve -
ses mots
dans un souffle
sur ce gris
que m'impose le ciel

sur ce ton
qu'elle nous souffle -
oh la ville
quel oiseau perdu
dans le ciel

mais la ville
oh mon dieu cette ville
une virgule
qui souffle -
toute pause un
oiseau
tout vol
un oiseau prisonnier
du ciel

oh mon dieu
cette ville
l'âme grise
la chair d'un souffle
imposé par le ciel

20130313

Encore un poème jetable


Il s'en passe
Disait-elle
Contre l'onde
Déjà nègre
Que voit-elle
De Wolfgang
De la Mob
Et du Klan
Qui comme elle
Se harassent
D'une beauté
Horrifique
Parlant nègre
En argot
Certifié
Février
2013
?

Suicide


Suis-je donc si triste que de telles paroles sortent de ma bouche ?
"Suicide-toi", dit la bouche
(J'imagine d'habitude une rangée d'armes à feu ou blanches encerclant ma tête)
"Suicide" et l'esprit réagit, exposé au ridicule de cette bouche parlant seule, ne le consultant plus, l'ignorant et pourtant
Rebondissant
Je l'écris après l'avoir dit à voix haute :
(Seul face à rien, qu'on se rassure)
Suis-je donc si triste que de telles paroles sortent de ma bouche ?


Cent bleus



Besoin de partager
Bouée de besoin de partager
Bouée de boue de besoin de partager

Jetée pour mon cou
Dans la mer
De cent bleus
Membrée

Besoin de partager des images
Par des images
Par des sons et des lettres
Simplement agencées
Planqué derrière
Des murs de toutes matières

Besoin de partager pour ne plus être cette pensée
Qui avance et contourne
Avalée par elle-même
Où l'horreur comme la beauté
Existe et se reproduit
Comme l'amour et le mensonge
Vus par tous les côtés

Mais le sacrifice manque
Refuse mon cou
Dans la mer
De cent bleus
Démembrée