20091217

Encore une histoire de monde

Le monde
est grand
c'est un ours
un ventre
c'est tout
le monde

La musique
on s'en fiche
est plus grande que le monde
une chanson

Pas de mots doux pour dire le monde

Le monde
est petit
riquiqui
de l'alcool
dans les cales
les indiens
sont vendus

Le cinéma
on s'en fiche
est plus réussi que le monde
un Leone

Pas de mots bêtes pour fuir le monde

Le monde
est quelconque
et débile
un désert
c'est assez
de monde

L'écriture
on s'en fiche
est autre que le monde
une erreur

Officielle (histoire)

Il a déposé les armes
Aux pieds du général
Qui ouvre sa main
Maintenant
Pour lui dire de tout perdre
Jusqu'à renaître esclave
Comme au sortir d'un mauvais rêve

Il hésite une seconde

Le général ferme sa main
La tente ne bouge plus
Pas même quand entre un cartographe
Avec des plans à valider
Son esprit est ailleurs
Impensable de revenir

Il hésite aussi une seconde

Le flou est beau, c'est un violeur
Un mirage
Un faux prince
On le jugera très suffisant
Étourdissant

Ils hésitent encore une seconde
Rien que pour voir

Notre héros génial
Avec le général
Trinquent à leur affection
Loin des trombes et rafales

20091113

num país de poetas que não lê poetas.

un monologue triste, triste...
la poésie est vraiment condamnée!
la solitude véridique
et tous ces mots que j'ai oubliés!

certains en font de l'ironie -
cet art du passé -
mais la poésie reste triste,
tellement triste -
j'ai du mal à l'oublier!

comme tous les événements tristes,
la poésie oubliée dans les verres,
la bière,
le monde qui finit bientôt,
la lecture qui apporte de l'angoisse,
l'angoisse elle-même, mon dieu!

à quoi bon en finir?

20091104

Cuisine du monde

CUL. TURE. LUTTE
L’AVENTURE EST PARTOUT MAIS INDIANA JONES EST GRABATAIRE
Tournez la carte, le monde vous regarde

L'ARGENT FAIT FAIRE DES ÉCONOMIES
L'AFRIQUE EST UN PAYS CARRÉ
DE TRÈS PETITES UNITÉS
Tournez la carte, le monde vous regarde

CE QUI SUIT NE SERA PAS RÉPÉTÉ :
NOYONS LES PRÉSIDENTS
ARRÊTONS D'AVANCER
MANGEONS NOS DESCENDANCES
SANS-PAPIERS
NI-CONSCIENCE
Tournez la carte, le monde vous regarde

CE QUI SUIT NE SERA PAS RÉPÉTÉ :
CECI N'EST PAS UN SLOGAN
(HUMANITAIRE)
Tournez la carte, le monde vous regarde

20091015

Ecrire (poème)

On écrit comme on pourrait défroisser une nappe
l'étendre au monde des cruautés
séchée du monde des cruautés

Un mot puis l'autre, puis l'ordre inverse
On corrige contre la paresse
on repasse pour les variétés

On écrit tripes qui dansent
faire danser d'autres tripes

On copie, on coupe, on colle
on décolle
On croit inventer le mouvement
encrer l'inaperçu

On écrit comme on ferait l'amour sans l'autre
mais pour l'autre

On écrit pour mouiller au monde des cruautés

20090923

drummond de andrade.

je te perds de vue
comme je perds d'amour
chaque mot de mon discours
devant l'indicible
chaque mot d'amour
que je ne sais pas prononcer
chaque mot

on m'a dit de pénétrer -
oui, pénétrer -
comme une sourde dans
le royaume de mots




j'ai obéi.

20090815

in and out and baudelaire is all about.

parlons à la mode de baudelaire:
il est clair que le temps mange la vie
il est sûr comme la sûreté d'une guerre imminente
que paris est la ville qui bouffe
(même) les dernières miettes de nos sensations
(même) la beauté de notre franc épuisement
à quoi servent tous ces univers particulièrement
parallèles?
à quoi sert la confrontation de ces univers?
plus belle l'absence
plus beau ne rien dire:
baudelaire, je rêve d'un bon pourcentage
de ton lyrisme impossible.

20090814

inner alexandre.

pleurer,
ah, comme j'aimerais pleurer!
pleurer appuyée sur une nostalgie*
bien plus grande que moi
une nostalgie qui n'est pas cette tristesse
absurde de chaque jour
ongle
cassé de mélancolie

j'ai tout perdu, j'ai presque tout perdu...

aujourd'hui
il ne me reste que la dévotion
et ce petit et intelligent chien

s'il vous plaît, madame, enlevez les pattes
s'il vous plaît, les pattes de votre chien
de sur la table, merci de votre
compréhension.




*saudade - du portugais, mot intraduisible.





20090706

Jasmins

La poésie, camarade
C'est ce moment où tout semblait égal
J'aurais forgé en solitude
Dos au levant
Les rythmes que le monde pourrait m'envier

La poésie, ma mère
La dernière décrochée
À qui j'ai pensé en premier
Tes yeux flottaient si loin du coeur
Je ne pouvais plus les aimer
J'y pense encore
Quand je m'efforce de penser

La poésie, petite madeleine
Ma brésilienne de 16 ans
Apprentie, pas sérieuse
Mais plus sérieuse que ma guitare
Je te perds fiancée
Au cousin de l'amour
Je l'ai bien mérité

La poésie, fleur indigne
Je ne dirai rien du mal maudit d'adolescence
Je ne parlerai pas

La poésie, astre sauvage
Tu files, tu rends, tu massacres mon ventre
Alors que la vérité meure
Dans son déguisement d'erreur
Je l'enfiles pour l'expérience
Réveillé en sursaut par mon extrême violence
Je t'aime pour toujours

La poésie, mon double
Mon os mitoyen
Ma caresse impuissante
Ma suppliante fission
Je ne dirais jamais ton nom
Je t'aime pour toujours

La poésie, femme étrangère
Happée par les pores du monde
Attendue trépignant, exaucée à l'usure
Et devenue le jour suivant
L'or enclavé de mon futur
Je t'aime pour toujours

La poésie, camarade
Tu me traverses sans me voir
Tu me retiens sans m'effacer
Je ne suis plus miroir, mon histoire dévale
Je suis malade comme Sunnymoon
Je pleure des nuits de satiété
Je pleure pour vous, mes chers amours
Mes jasmins entêtés
Ma poésie, mes chers amours

20090624

Encéphalogramme

Réflexion, tu parles pour ton ombre
Toutes pensées
J'y mettrais des guillemets
Initiant le coassement relativiste
Toutes paraphrases
Réflexion, par-dessus la jambe
Par-dessous l'escalier de service
On fait des raccourcis
Dès l'entrée du siècle
Sans même s'amuser
Je descends mon caleçon jusqu'aux mollets
Réflexion, con réflexe
Le premier mot est bloqué
Il s'agit semble-t-il de
« Encore »

20090623

Damoiseau

Quand je me vois soudain
En face de ma bouteille
Que je lui parle de notre avenir ensemble
La caressant du bout des doigts
Quand je me vois soumis
Aux chaudes vapeurs des vagues
Que je bois aux saillies d'empires
À l'avancée des sables
Quand je me vois soudain
Inversé à faner
Troué de lèvres conspueuses
En face de mon épée
Quand je brandis mon Damoiseau
Présent comme un sort
Butant contre un leurre
Je suis autre que vous, qu'un autre, que moi

20090601

à lire à toute vitesse:

"paris est toujours vivante
dans les yeux de la petite fille en robe rouge
dans la main entrouverte du clochard couché sur le quai de la ligne dix à odeon
dans la sainte paix des morts couchés pour de bon à père lachaise
et chez moi"

a.

la poésie ne devrait exister
que pour enregistrer les pensées sans importance
que pour créer un langage tout nouveau
un langage qui ne devrait exister
que pour l'existence de la poésie
sans peur de faire des fautes
sans peur de ces égos avides
de corriger nos fautes

20090515

Porte-malheur

Je vous souhaite de ramper
Je vous souhaite de vieillir
Je vous souhaite de patienter éternellement
Je vous souhaite la monture gangrénée de rancoeur
Je vous souhaite le dégoût dans la pluie de vos vers
Et peut-être
Un matin de baptême
Je vous souhaite de retomber sur vos pattes de chats noirs

20090505

encore.

lire, c'est s'en aller -
les lèvres éparpillent les refrains.
on s'en va; les mots balayent
la poussière cachée dans les mains.
on fait le rythme - lire, c'est se déplacer:
les ruelles du monde entier
cachées dans les mains.





20090424

Aphonie

Dis-moi, Vinicius
Pourquoi elle est dehors
Et que c'est moi qui l'y ai mise
Pourquoi je peux te parler
Et que tu ne me comprends pas
Dis-moi, Vinicius
Pourquoi me voilà seul
Et plus seul avec elle
Encore plus seul sans elle
Puisqu'elle n'est plus là
Dis-moi, Vinicius
Pourquoi elle est venue
Quand je l'ai faite venir
Et qu'elle est repartie
Quand je l'ai faite partir
Pourquoi je l'ai chassée
Dans deux sens opposés
Dis-moi, Vinicius
Pourquoi je ne puis vivre
Avec et pour les autres
Ni non plus vivre seul
Les autres avec leur mort
Et j'étais déjà mort
Dis-moi, Vinicius
Pourquoi la flamme s'éteint parfois
Comme si éteinte depuis l'éternité
Et qu'elle brûle à nouveau
Comme si jamais n'avait cessé
Le lendemain matin
Dis-moi, Vinicius
Pourquoi seule l'insouciance
Connaît la vérité
Que chaque mot construit
Et que chaque mot détruit
Parce qu'un mot est un mot
Dis moi, Vinicius
Pourquoi je l'aime autant
Qu'elle soit ailleurs je ne sais où
Ou ici contre moi
Et plus présente parfois
Dans le lointain de mes pensées
Dis-moi, Vinicius
Pourquoi elle est dehors
Et son coeur un autre mot
Que je ne peux plus prononcer

20090417

Carne

J'aurais vécu sans amour
De légères inconsistances
Je ne peux me tourner
Peu importe vraiment
J'aurais bu le lait de poitrines multicolores
Et la tienne que je trais
Me démolit la panse
Peu importe l'ogresse qui me mange
Si je suis au menu

20090403

Marshall (pour Kurt Cobain)

Sans nom, dit-elle
Montrant du doigt l'appareil
Il ne dit que ce qu'il veut entendre
Blotti au fond des tripes
Une flèche
Monsieur Suicide est mort
Sans nom, dit-elle
La vie à inverser les ponts
Qui le feraient rêver
Aux démons quand le jour se lève
Sans nom, dit-elle
Elle le ferait pleurer
Des Marshall éclatés

Diamant

Je n'ai jamais aimé lire, et cette machine qui n'apprend pas
Je n'ai jamais aimé les pensées de ceux qui savent les formuler
Et cette machine qui n'apprend pas, je n'ai jamais voulu écrire
Encore moins jouer d'un instrument de musique
Peut-être chanter, je vois que ça apaise
Je n'ai jamais trouvé de quoi m'apaiser

J'aurais préféré être seulement colère
Uniforme de tueur en tueur d'uniforme
Colère comme soubassement

Je n'ai jamais aimé aimer, et cette machine qui n'apprend pas
Je n'ai jamais aimé ne valoir plus que la machine
Et la machine qui reste là, je n'ai jamais vu rien d'autre
Toujours quand je plante dans le monde
Vision armée d'orages rectilignes
Orage pilonné de visions rectilignes

J'aurais préféré être seulement colère
Invasion asséchée fluide désinvasion
Colère comme mon diamant
Noire, mon diamant

20090313

Oeil et colère

Certains sont morts
Avant de sortir
Certains en sont morts
Avant d'en sortir
Toujours les mêmes

Il se passe des choses depuis que nous vivons
De la pomme croquée à l'anthropologie
Du cri primal qui court dans notre sang
Au soleil arraché

L'oeil, harassé

Humains ou plutôt subterfuges
Pinnochios ignifugés
Certains sont morts
Sans que personne ne s'en rende compte
Certains en sont morts
Sans que personne ne s'en compte rond

Toujours toujours les mêmes

Autour les pétasses vierges gloussent affalées Jeunesse bourgeoise, met-toi au crack, que ta saloperie te génocide J’espère qu’un regard dans les yeux d’un malade te vaudra les pommettes éclatées contre le siège Jeunesse dorée dégueulasse, étouffe-toi dans tes chaînes génético-sociales

Tiens c'est la guerre
Tiens c'est le berceau renversé
Amour oeil et colère
Toujours toujours toujours les mêmes

20090225

ceci n'est pas un

c'est comme ça qu'on commence une belle soirée:
les mots aveugles sans oreilles où se coucher
les pensées vides par terre
l'étrangeté du salon vide
on réclame impunément notre droit d'inexister

c'est comme ça qu'on pourrit une belle soirée:
faire en sorte qu'on puisse tout comprendre
raconter des blagues sans réussite
l'étrangeté du salon inanimé,
le manque d'âme d'un mot qui se répète
on se régale bêtement des plaisirs à moitié

(trésor du monde:
allons nous cacher dans les églises
où l'on trouve de l'or
l'angoisse du passé.
trésor du siècle:
j'aurai cru donner aux mots un autre sens
dans un poème inachevé.)


Feijão des chiens

Pourquoi ne dirait-on pas n'importe quoi ?
Sept références flottant comme des cadavres
Des cris de sorcières au bûcher
Un homme se tait

Tango
On accueille la relève

Il faut aller de toute façon contre la génération précédente
Alors quoi s'interdire ?

Prendre des drogues
N'importe
Tango
Valse autrichienne
Ils dessinent Mahomet
D'autres tonnent un hymne
Passent au massacre
Un homme se tait

Pourquoi ne dirait-on pas n'importe quoi ?
Le poison adoucit nos langues
Incontinents en fleur
Le jour revient

Tango
Tango bordel
Attack Soviet
Encore
Baiser les pères
Buter les chiens

20090224

not mine.

sorrow thoughts this morning
flies an ancient room
- now it must've been years, they say,
no one sleeps in here -,
and i say - paradise.

lovely thoughts this summer
too much brain no track
- no one left no tear, they tremble,
must we make it clear -,
and i say it must be paradise.

have you seen those dreamers
too much words not mine
- no one brought us flowers, i listen,
love it lost us years -,
and i found my paradise.

20090220

Asile

Mère muqueuse
Coeur bouche et sphincter
Poitrine cousue de viscosités mauves
Qui est là pour toujours
Fouilleuse de tétines
Diagonale dans l'absence
Ne pas chercher ses mots
Silence égale défaite
Mère porteuse
Féconde
Mère oignon vénérien
Attrape et redresse les hanches de ses clônes
Dans le plomb
L'urgence
Fille des chimères de filles
Valkyrie assoupie
Tous les coups la retiennent
Et personne ne l'appelle
Vieille depuis la veilleuse
Ranimée dans un pli
Génitrice oubliée, écartée, vêtue de blanc
Etoile d'asile
Mère qu'on appelle encore maman

Zombi

On m'a vu renifler les derrières comme un chien
On m'a vu couvert de sauce et parlant inuktitut
On m'a vu foetus, vieillard et Harpo
On m'a vu dans les creux ridicules de mon it
Et on m'a vu
A sweet confusion from my mind
Je ne parlerai jamais de ce que vous avez vu, c'est sans importance pour la suite
La suite ? Rêves égarés dans un nimbus, saturations ouatées, lumières de feu. Ce n'est plus de la poésie, c'est de l'Art. Effarante illusion. Car l'Art se tient déjà entre mes oreilles, mes pouces, mes globules. Imitation. Quelqu'un veut de moi quelque part, mais je ne peux l'atteindre. Comme un pétrolier qui lève l'ancre. Rien à voir avec la souplesse du bus, du train ou de l'avion. Muet, aveugle et sourd.
My darkness is gone
Pute l'amour
Pute les putes de l'amour
Pute viciée l'affection
Pute de solitude
Je ne parlerai jamais de ce que vous avez vu, je ne veux pas de souvenir
Souvenir de quoi ? De nos innocences pendues à leurs laisses ?
Like some rag toy
Please let me go home